En route pour l'Inde, Varanasi où la spiritualité prend tout son sens.
- Ronan
- 14 avr. 2017
- 9 min de lecture

On entend souvent les gens dire : "l'Inde, tu l'aimes ou tu la détestes !". L'Inde, ce pays plein de contrastes et de contradictions qui fascine et qui fait peur à la fois. Beaucoup de choses sont dites, parfois bonnes et parfois mauvaises, très mauvaises. Alors voilà, nous avons hâte de pouvoir nous faire notre propre opinion sur ce pays immense qu'est l'Inde. En route pour plus de 40 jours d'immersion. Accrochez vos ceintures !
Le passage de la frontière entre le Népal et l'Inde : un jeu d'enfants
Nous arrivons à Sunauli, ville frontière entre le Népal et l'Inde sur le coup des 6h du matin. Il fait déjà jour. Nous sommes exténués après avoir passé une nuit de merde. Appelons un chat, un chat. Vomito et mal de ventre terrible pour l'une, impossibilité de trouver le sommeil et position ultra inconfortable pour l'autre. La route était plutôt mauvaise, on espère que cela sera meilleur pour la suite de notre voyage. Même si, bien entendu, on ne se fait pas trop d'illusions ! On est en Inde... Mais comme on dit, l'espoir fait vivre, alors on s'y accroche. En attendant, nous voilà au beau milieu de nulle part avec nos gros sacs sur le dos à tenter de trouver un bus pour Varanasi. Avant toute chose se dit-on, la frontière! Ah oui, c'est mieux ! Le tampon de sortie du Népal se fait très rapidement. Pas de queue, pas de touristes, juste deux agents qui s'ennuient dans une sorte de garage abandonné. Ils ne prennent même pas la peine de vérifier si ces passeports nous appartiennent. Pour quoi faire !?
Deuxième étape : la fouille. Eh oui, qui dit passage de frontière dit fouille des bagages. Mais attention, pas n'importe laquelle. Ici, c'est fouille à la main en mode "je défais tout ton sac que tu t'es bien galéré à faire pendant plus de deux heures, mais je m'en fiche parce que de toute façon, tu vas te re-galérer pour le refaire et sous mes yeux en plus". Allez, il y a des choses plus grave dans la vie ! Nous passons notre chemin avec nos bagages et filons vers le poste de frontière d'Inde qui se situe un peu plus loin. Un couple est en train de négocier pour pouvoir sortir du pays mais petit soucis de visa expiré visiblement...

Pour notre part, tout est en règle. Nous passons donc assez vite sur les futilités d'entrée (à savoir remplir un papier, faire un grand sourire et c'est tout) et filons attraper le premier bus pour Varanasi. C'est donc dans un bus complètement délabré - bienvenue en Inde - que nous ferons non pas neuf heures comme annoncé mais 10h30 de trajet. Les paysages sont magnifiques : d'immenses plaines de terre rouge-oranger inondent notre champ de vision à perte de vue. Nous apercevons déjà quelques habitations faites de trois fois rien, quelques Indiens travaillent dans les champs, d'autres font du brûlis, d'autres encore sont assis au bord de la route et regardent la journée suivre son cours. Quant à la température : elle commence à monter durement, il est 7h et il fait déjà 30°C ...





Quand nous arrivons enfin à Varanasi, il ne nous reste que 100 roupies pour nous rendre dans le centre-ville. La banque la plus proche est visiblement très loin... nous allons devoir négocier dur. D'autant qu'on ne connaît pas du tout les prix ici. Après quelques minutes, un monsieur finira par accepter. Alors que nous roulons sur ce qui pourrait s'apparenter à une nationale - non pas à toute allure car nous sommes en rickshaw, mais à au moins 30 km/h, on est des dingues ! -, nous croisons sur le chemin, un homme à dos d'éléphant, original comme moyen de transport... Ah bah oui, c'est normal, on est en Inde ! Et quelque chose nous dit qu'ils nous surprendront souvent ici...
Nous arrivons bientôt dans le cœur de Varanasi. Ça grouille de monde et ça klaxonne à tout va. Après avoir laissé notre chauffeur de rickshaw, nous errons à la recherche d'une guesthouse que nous finissons par trouver avec l'aide de quelques Indiens venus à notre rescousse. C'est heureux que nous prenons nos quartiers dans un dortoir climatisé... Aaaaah de la fraîcheur, on en rêvait !
Varanasi, ville sainte où la spiritualité prend tout son sens...

"C'est sans doute une vache, ou peut-être une chèvre qui flotte", dit-on à l'unisson... "Oui, mais, je ne sais pas, regarde, on dirait quand même des genoux humains, non ?"
Et là, vous vous dites : "mais qu'est-ce que c'est que cette entrée en matière ??!"
Cette réflexion, nous l'avons eu sur les coups de 18h, alors que nous remontions le célèbre Gange en barque et que nous apercevions au loin le "ghat" Manikarnika, d'où émanait une fumée dense. Une fumée très dense et des flammes provenant de différents bûchers. Sont-ce des habitations que nous apercevons juste au dessus ? Apparemment oui...


Des "ghat" comme celui- il (où sont incinérés - à l'air libre - les défunts), il en existe quelques-uns dans cette ville. Et pour cause : c'est une ville sacrée, première ville du monde selon la légende. C'est d'ailleurs un privilège pour les Hindous de finir leurs jours ici. Et ici, c'est Varanasi.


Aujourd'hui, c'est notre première journée en Inde, dans l'étrange Varanasi. Nous découvrons, au travers de ses

nombreuses ruelles étroites une ville pas comme les autres. En tout cas, comme aucune des villes que nous avons pu voir jusqu'alors. Ici, les vaches font partie du décor et vous ne manquerez pas d'en croiser une bonne dizaine, que dis-je, une bonne centaine au cours d'une seule et même journée. Elles vont jusqu'à entrer dans les maisons où il n'est pas rare de voir quelques mains tendues vers nos amis les vaches avec un bon "chapati" offert pour l'occasion. Ou encore d'entendre des chants

d'hommes s'élever au loin et se rapprocher très rapidement. Ce groupe d'homme est en fait en train de porter un corps vers l'un des nombreux ghat. L'étroitesse des rues nous contraints d'ailleurs de nous enfoncer dans l'embrasure d'une porte afin de céder le passage au cortège funéraire très fleuri.
Au coin d'une autre rue, nous faisons une halte chez "Baba Lassi". Aaaaah les lassis ! Ce fromage blanc est l'un des meilleurs que nous ayons jamais mangé, sinon le meilleur. Mixé avec de vrais fruits, ce fromage frais conçu sous nos yeux est recouvert d'une fine lamelle de caillé. Divin, surtout par cette chaleur... C'est d'ailleurs un mets culinaire très répandu ici puisque nous verrons de nombreuses échoppes de fabrication de lait dans les rues. Artisanal, ancestral et exquis...



Nous irons également voir les "ghat" (comprenez, marches menant vers le Gange) pour mieux comprendre la culture ici. Et, il faut l'avouer, nous serons
quelque peu désorientés par certains "ghat", réservés visiblement aux familles pauvres, où les corps brûleront à même le sol, à seulement quelques centimètres du Gange. D'autres "ghat", où les familles sont plus privilégiées, possèdent des bûchers faits de parpaings. Les vaches errent librement au milieu des bûchers qui brûlent non stop. Il y a une dizaine de corps qui prennent feu sous nos yeux, alors que d'autres continuent d'arriver sur des brancards en bambou. C'est d'ailleurs enveloppés dans des habits blancs, tête recouverte, que les corps sont posés (parfois sans trop de délicatesse...) sur les bûchers. Nous avons la sensation que le corps est moins bien "traité" qu'à Kathmandu. Sans doute cette enveloppe charnelle n'est-elle qu'une enveloppe de laquelle l'âme a fini par s'échapper... C'est vraiment une toute autre culture à laquelle nous sommes confrontés ici.



À Varanasi, il se déroule également la cérémonie Puja ou Ganga Aarti à Dashashwamedh Ghat, près du Temple de Kashi Vishwanath. À l'heure du crépuscule, les rives du Gange accueillent un puissant rituel spirituel : le Ganga Aarti. Saadhus, mendiants, masseurs, baba cool, jongleurs, liseurs d'avenir, vendeurs d'offrandes en tous genres. Tous sont ici le soir pour donner vie autour de la cérémonie. Durant ce rituel, les Pandits psalmodient et chantent à la gloire de Mère Ganga (déesse du Gange) en faisant des offrandes. Dans son sens originel, un pandit est un hindou qui a appris les textes sacrés (Védas) et leurs mélodies afin de les chanter au cours des cérémonies religieuses. Aujourd'hui, les hindous lettrés peuvent être appelés "Pandits".









Le Ganga Aarti est une cérémonie très chorégraphiée, lancée par une conque, puis rythmée de musique hindous très cérémonielle. S’ensuivent différentes scènes dont chaque mouvement est effectué dans le sens des aiguilles d'une montre : tournoiement de bâtons d'encens, de lampes à tête de serpent enflammées ou encore de vasques pleines d'eau.


Au-delà des cérémonies spirituelles et des jolies ruelles "calmes" et presque épargnées par les klaxons incessants, existe une ville de dingue ! Des motos dans tous les sens, parfois des cortèges d'hindous dont on ne comprendra pas tout le sens... Imaginez un homme portant une pyramide de fleurs, précédé par un homme de blanc vêtu brandissant un bougeoir géant en forme de serpent. Cet homme jette d'ailleurs quelques cristaux au sol que de jeunes hommes viendront enflammer. Ces cristaux seront sans doute liés à une divinité puisque de nombreuses personnes présentes dans le cortège se jetteront au sol pour prier près de la flamme, quand d'autres passeront simplement leur main dans le feu pour la porter ensuite à leur front.












On vous a dit que c'était LA ville spirituelle par excellence ?! Nous suivrons ce cortège (rencontré par hasard) jusqu'aux rives du Gange, où le groupe finira sa cérémonie dans un temple qui nous sera interdit. Nous n'aurons pas le fin mot de l'histoire mais aurons vu un spectacle spirituel où tous étaient dans un état de transe incroyable.
Après toutes ces émotions, car cela fait beaucoup de nouveautés d'un coup, nous irons déguster quelques dosas, sortes de galettes fourrées à toutes sortes de bonnes choses : pomme de terre, fromage, tomates, oignons, épices.
Varanasi est une ville spirituelle vous l'aurez compris, mais ce n'est pas pour autant qu'elle est silencieuse... C'est ici que nous optons pour la première fois pour les boules Quies... Le bruit est vraiment incessant et les klaxons sont un peu trop utilisés pour rien ! Bref, mieux vaut protéger nos petites oreilles avant de devenir sourds... et de devenir fous aussi !




Première expérience en train : direction de Delhi

Puis, il est déjà temps de quitter cette ville incroyable pour filer vers Delhi. Nous avons réservé notre billet de train la veille. Le départ est annoncé à 18h37 pétantes. Nous partageons un rickshaw - tuktuk - dans lequel nous avons du mal à passer tant nous avons de bagages avec nous. Il faut dire que nos sacs pèsent une tonne avec tout cet équipement de randonnée que nous avons : manteaux, polaires, gants. Bref, que des choses utiles en Inde par 45 degrés en somme ! A la gare, nous sommes un peu hésitants sur le train à prendre, mais après nous être renseignés auprès d'une dizaine de personnes, nous voici rassurés, ils ont tous le même discours : c'est le prochain train. Très bien, cela nous laisse le temps d'observer la vie dans la gare.




Ça fourmille de vie ici, on aperçoit même à quelques mètres de nous un énorme un taureau se coucher parmi la

foule - euh, les animaux de compagnie de cette envergure sont interdits dans le train Monsieur ! Aaaaah l'Inde. Il n'y a qu'ici qu'on peut voir une telle scène de vie!
Le train aura un peu de retard, mais il sera là et ça c'est top ! C'est parti pour la grande aventure du train en Inde en "sleeper classe" s'il vous plaît (comprendre la classe pour les plus pauvres sur les 5 proposées). Nous avons 12 heures de trajet devant nous. On est large! Et bien vous ne nous croirez jamais ! On a adoré ! Si seulement la SNCF pouvait s'en inspirer ce serait top... mais bon, le pays est trop petit pour prévoir d'aussi longs trajets alors à quoi bon prévoir des lits couchettes ?! Les sièges se transforment en fait en couchettes à l'aide de harnais. On est proche les uns des autres, au-début toujours un peu déroutant de se faire dévisager par tous les Indiens autour de nous surpris ou curieux de nous voir ici mais tellement enrichissant pour observer et partager la vie locale. Un sourire et hop, leurs visages s'éclaircissent laissant place à l'échange quand l'anglais n'est pas une barrière. Il y a également trois ventilateurs qui sont accrochés au plafond afin d'offrir un peu d'air aux heureux bénéficiaires des couchettes "upper". Quant à ceux qui sont en bas, ils ont l'air de la fenêtre et c'est très bien. Bon, résultat des courses : la nuit sera courte, hachée, très froide contre toute attente (on a même mis la polaire) et poussiéreuse aussi ! Mais pas si désagréable qu'on ne nous l'avait laissé penser. Comme quoi, c'est toujours bien mieux de se faire sa propre opinion !

PRATIQUE
Côté transport
Kathmandu - Sunauli : bus de nuit. 700 RS népalaises. Temps de trajet : 11h.
Sunauli - Varanasi : bus. 450 RS indiennes. Temps de trajet : 10h30.
Varanasi - Delhi : train. Tarif: 420 RS indiennes. Temps de trajet prévu : 12h. Temps de trajet effectif : 16h
Côté hébergement
Zostel : tarif en dortoir non climatisé : 300 RS par personne.
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