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Madurai ou la ville qui ne nous voulait pas...

  • Ronan
  • 17 mai 2017
  • 10 min de lecture


Après une très bonne nuit chez Mano, à n'entendre que les bruits de la nature et un malheureux Klaxon venu se perdre à Top Station vers 7h30, nous filons attendre le bus dans le Restaurant de la sœur de Mano. Bus qui nous ramènera à Munnar, en attendant de continuer notre route vers l'est, en direction de Madurai. Nous sommes tristes de quitter Mano, Kayneshsoth (sa femme) et le papa de Mano aussi (Joseph) qui nous auront vraiment montré l'Inde telle qu'elle l'est vraiment, et nous auront accueilli avec tant de bienveillance que c'en est indécent ! Contribuer au bien-être de personnes honnêtes et généreuses comme Mano et sa famille en faisant du homestay, nous on dit banco et on re-signe dès qu'on le peut !


Une bonne heure de bus plus tard, nous arrivons à Munnar où nous courons chez Rapsy pour nous offrir un excellent petit-déjeuner/déjeuner avant de courir à nouveau vers l'arrêt de bus, direction Madurai. Sur un malentendu, le bus est peut-être déjà là ! Et il l'est ! Bon, il y en a visiblement toutes les trente minutes mais tant qu'à faire, autant partir sans attendre de se prendre une grosse averse sur la tête...

Nous passons rapidement dans le Tamil Nadu de nouveau (c'était le district de Top Station) et quittons le Kerala pour de bon. Alors que nous roulons, nous passons une énième colline et là, sous nos yeux émerveillés, un décor magnifique se dévoile : des hectares et des hectares de plantations de thé escaladant tantôt une colline, tantôt un talus, tantôt une montagne ou descendant tout simplement vers la vallée. Quelles artistes ces femmes. En taillant patiemment les arbustes à l'aide de leur outil ancestral, elles font un vrai travail de paysagistes et elles ne le savent même pas...



Puis, de plantations de thé, nous passerons petit à petit à un tout autre paysage, celui de la jungle tropicale. Oui. Il y a une vraie jungle ici, traversée par une route très étroite où nous slalomons entre les voitures, les bus et les ornières. Un vrai Sébastien Loeb notre chauffeur ! Arrivés là-haut après 147 virages, nous entamons la partie descente qui est très vertigineuse et superbe... au loin, nous apercevons le plus grand champ d'éoliennes que nous ayons jamais vu. Il y en a des centaines et des centaines. Mon ptit cul reste d'ailleurs sans voix.

Une bonne heure de descente plus tard, je peux enfin me détendre (le ravin n'est plus si impressionnant qu'il ne l'était au début) et profiter de la vue sur une plaine digne des paysages africains. Au loin, un orage monte, zébrant de toutes parts le ciel noir qui s'étend sur toute la partie Nord. Nous y échapperons et heureusement...

La nuit est déjà tombée lorsque nous arrivons à Madurai. Nous sautons dans un rickshaw et prenons la direction du centre, traversant au passage des rues entièrement dédiées à un seul item : smartphones ou encore réparation des enceintes ! On va peut-être revenir ici avec notre matériel nous, se dit-on !

Bon, on ne va pas tourner autour du pot des heures. En fait, on ne reviendra pas ici. Cette ville ne nous veut vraiment pas ! Le rickshaw nous emmènera dans un taudis où la politesse a été laissée au placard, remplacée par les cafards (qui eux sont sortis des placards, et en nombre !), ajoutons à cela un Restaurant pas bon, un autre Restaurant pas terrible et où le service est plus mauvais que mauvais (où on nous promet un wifi qui n'existe en fait pas...), des gens qui essayent de nous arnaquer ou qui nous parlent très très mal et des klaxons "en veux-tu en voilà". Punaise, on va finir par leur faire avaler leurs klaxons ! Ils commencent à nous chauffer les oreilles ça y est... allez, ça ira mieux demain.


À 7h30, Roro est sur les starting-blocks ! "Mon ptit cul, j'en ai marre, on part à Puducherry !". En voilà une bonne idée ! Mais avant cela, partons donc visiter ce pour quoi nous sommes venus ici : le Sri Meenakshi. Ce conglomérat de temples est en fait un lieu de culte dédié à deux divinités vénérées par dessus tout en Inde : Shiva et Meenakshi Amman.



Interdiction de prendre des photos avec un appareil photo (mais les photos avec téléphones sont autorisées... on est en Inde, toujours une logique inébranlable qu'on a du mal à saisir...). Du coup, avant de rentrer, nous partons à la recherche d'un point de vue en hauteur histoire d'avoir une belle vue d'ensemble. Quelques cages d'escaliers plus tard, Roro finit par en trouver une ouverte, mais ce sera un nouvel échec. Double échec en fait puisque la vue sera mauvaise et il sera reçu comme un vieux poisson pourri par un monsieur qui lui "criera" dessus comme un putois dès la première seconde. On peut comprendre qu'il ne soit pas heureux de voir quelqu'un dans sa cage d'escalier, mais on peut le dire de manière civilisée, en respectant les gens un minimum...

Bref. Ce sera le début d'une nouvelle journée bien mauvaise. Entre les demandes de selfies, les guides insistants qui veulent absolument nous proposer un tour dans le temple, les gens qui te foncent dessus sur la route parce que de toute façon c'est à toi de te pousser, les klaxons, les rickshaws qui essayent tant bien que mal de nous arnaquer. Trop houlala, c'est trop, laissez-nous dans notre bulle, s'il vous plaît !

L'Inde, on l'aime vraiment et on la déteste tout pareil. Aujourd'hui, ce sera donc un jour sans, vous l'aurez compris. C'est un peu tendus que nous rentrons dans ce lieu de culte qui est au Tamil Nadu ce que le Taj Mahal est au Rajasthan. Autant vous dire qu'il y a du monde au portillon des offrandes !

À l'intérieur, c'est une vraie cacophonie. On pourrait s'attendre à beaucoup de silence dans un lieu de culte. Mais le silence stresse nos amis hindous, on vous le répète ! Comme souvent dans les lieux saints en Inde, il y a certaines parties interdites aux non-hindous. Mais il y a tout de même de nombreux lieux de prières et d'offrandes dans la partie publique. D'ailleurs, nous sommes entourés de fervents hindous : d'un côté, un groupe de femmes marche et s'arrête pour s'agenouiller sur une des quelques stèles qui entourant un temple où trône une vache sacrée ; d'un autre côté, un jeune papa apprend déjà à sa fille d' un an comment adorer Shiva ; plus loin, un monsieur s'arrête devant une statue de Shiva et commence à se taper les tempes à l'aide de ses poings fermés, puis à sauter sur lui-même avant de continuer sa route. Encore plus loin, des hommes font face à une énième représentation divine les bras écartés et paumes vers le ciel, quand d'autres allument de l'encens, des bougies ou offrent des fleurs, ou encore s'allongent par terre pour prier. Au milieu de tout cela, certains trouvent le temps de s'asseoir dans l'espace couvert du temple et de manger un petit quelque chose entre amis. Et le temple dans tout ça ?! Et bien le temple est vraiment magnifique. Les 12 "gopurams" ou tours sont faites de milliers de statues de nos deux divinités, de dieux, de démons et de héros. "Faites quelque chose de coloré" a sans doute été le mot d'ordre lors de la conception de cet édifice (an 1560 quand même) qui en met vraiment plein les yeux et devant lequel on pourrait effectivement rester bloqués des heures durant.

Mais on a pas toute la journée. Du coup, direction la sortie après une bonne heure de visite pour récupérer nos tongs et notre appareil photo. Un petit déjeuner sur le pouce et nous voici déjà à bord d'un rickshaw après avoir négocié dur pour nous rendre au terminal de bus. Ouf ! On quitte enfin cette ville sale - oui, parce qu'on vous a épargné les odeurs immondes qu'il y avait dans les rues mais ici c'était particulièrement désagréable - et ses habitants franchement pas accueillants avec nous. "C'est pas fini, on est pas encore parti", me souffle mon ptit cul dans le rickshaw. Et en effet, ce n'était pas du tout fini ! En arrivant au terminal, qui était effectivement à 10 kilomètres de la ville, un jeune homme nous propose un trajet en voiture privée (il ne nous a pas bien regardé, on est pas tout à fait la bonne cible...), puis un vieux monsieur en longuy nous demande où nous allons. Un "vieux monsieur", on se dit qu'on pourrait lui faire confiance... Mais sachez une chose : en Inde, si les Indiens vous aident, notamment dans les terminaux ou les gares, vous pouvez être sûrs à 95% que c'est un traquenard, fuyez pauvres fous, vous allez vous faire rouler dans la farine.

Pour en revenir à ce jour, ça sentait le traquenard à trois kilomètres. Surtout quand deux, puis trois, puis quatre, puis sept hommes se sont joints à notre cortège pour nous accompagner au bus allant à Puducherry. "C'est une compagnie privée", nous disent-ils avant de nous annoncer deux minutes plus tard que c'est public, puis de nous proposer un prix de 450 roupies pour 5h de transport. Connaissant les tarifs, c'est supposé être deux fois moins cher. Ok, donc, on va suivre notre instinct et partir de ce traquenard pour aller à la plateforme 1, comme annoncé par le monsieur du bureau "Inquiry" que nous avons eu le bon sens d'aller voir avant.


Là encore, des hommes nous font barrage nous disant qu'il n'y a plus de bus pour Puducherry, qu'il faut les suivre, bla-bla-bla... Nous continuons notre chemin vers la plateforme 1 alors qu'ils nous regardent partir vers les bus locaux que l'on reconnaît bien : bus des années 70, peinture craquée, sièges explosés. Pas de doute, on est au bon endroit. Là, le contrôleur nous accueille avec un grand sourire en nous disant que oui, on peut prendre ce bus pour aller à Puducherry. Bon, pas direct mais c'est tout comme. Nous aurons un changement à faire à Villupuram (30km de notre destination finale). Punaise ce qu'on est heureux d'avoir échappé à leur arnaque et de partir de cette ville !!! La route se passera sans trop de klaxons, mais avec beaucoup de tête-à-queue. De vrais dangers publics on le redit, mais c'est vraiment des dingues !

À Villupuram, nous manquons de ne pas descendre du bus par oubli du chauffeur qui voulait visiblement nous emmener avec lui jusqu'à Chennai. Au lieu de cela, nous sautons dans un bus tout neuf en direction de Puducherry. Et là, le sketch indien continue... on pensait être au bout de nos surprises, mais non. On l'a remarqué, ici, ils se foutent éperdument que tu aies des bagages, ils se foutent encore plus de savoir si c'est lourd ou pas. L'idée serait que tu te "faxes" dans ton sac parce que sinon, tu prends la place de quelqu'un. Alors que nous avons posé nos affaires sur une plateforme prévue à cet effet, et nos fesses sur un fauteuil prévu à cet effet également (en ayant bien fait attention de ne pas nous asseoir sur les places handicapées, mais ici visiblement, tout le monde s'en fout !), le contrôleur du bus nous appelle avec des grands gestes en virant nos sacs de la plateforme. Allons bon, qu'est-ce qu'il se passe encore ?! Deux personnes voulaient s'asseoir mais n'ont pas voulu se retrouver avec nos sacs. Du coup, on a cédé nos fauteuils pour aller nous mettre sur la plateforme de bagages. Ah parce qu'en fait ce n'est pas fait pour les bagages, mais ce sont des places "assises"! Fallait le dire plus tôt, on avait pas remarqué (mais oui, souvenez-vous la logique indienne). Mais ça ne suffit toujours pas à notre ami contrôleur qui veut absolument que l'on ne fasse qu'un avec notre bagage. S'ensuivent quelques échanges pas très agréables, le ton monte, Roro s'énerve et là, la tête de c** qui s'est assis à côté du bagage de mon ptit cul se fout de sa poire ouvertement en répétant ce qu'il vient de dire et en se marrant en indien. Je vous assure, on est pacifiques, mais là, les envies de commettre un meurtre aujourd'hui commencent à nous hanter. Et ce chauffeur qui n'arrête pas de klaxonner. Une heure durant, nous aurons le klaxon non stop. Ce sera vraiment un coup dur pour nos nerfs qui commencent à être à bout. Mais on tient bon, on y est presque ! On comprend mieux pourquoi ils ont inventé le Yoga dans ce pays. Va vraiment falloir qu'on s'y mette. On reste ZEN !


Au terminal de bus, nous demandons à un passant à combien de kilomètres se situe l'auberge que nous avons repérée sur le lonely. Et heureusement ! Car, les vautours rickshaw sont déjà sur le qui-vive se demandant qui aura le plaisir d'entourlouper les "deux ptits blancs". "350 roupies", c'est le prix que nous annonce le premier groupe de rickshaw. On doit vous l'avouer, à ce moment-là, on prend un malin plaisir à les regarder dans les yeux, à se marrer, à leur dire "non", puis à partir. Car toujours, toujours, ils reviennent en baissant le prix. Et là, on leur lance un magnifique : "le juste prix dès le début mon ami, il fallait donner le juste prix. Maintenant c'est trop tard. Allez bisous !". Nous aurons finalement notre course à 60 roupies qui est le bon prix pour le coup mais avec un chauffeur bizarre qui changera d'ailleurs en cours de route. Étrange. Il nous dépose au bon endroit, n'a pas de monnaie comme de par hasard. Mais ça, c'est pas grave, on sait en trouver ! Il attend patiemment que nous fassions notre Check in, sait-on jamais, peut-être que ça ne va pas fonctionner et qu'on aura besoin de son aide. Oui, parce que les chauffeurs de rickshaw se font généralement une belle commission auprès des hôtels ou restaurants dans lesquels ils emmènent les touristes...

Nous voici enfin à l'auberge... ah mais le prix n'est pas du tout celui annoncé par le lonely ! Bon, on rechausse nos baskets et on repart les sacs au dos. Après avoir tourné une petite heure avec et sans les sacs pour mon Roro qui partira en éclaireur, nous finissons à Babu guesthouse avec, dans la famille "Jean Michel Journéedemerdeçacontinue", le père réceptionniste. Décidément, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre aujourd'hui... les nerfs commencent à tomber : on se tapera une bonne partie de rigolade au moment du Check-in quand mon ptit cul annoncera des "âneries " grosses comme lui sur le formulaire d'arrivée. Bêtises que nous ne pouvons décemment pas écrire sur le blog, mais qui nous remonteront bien le moral ! La chambre est fabuleuse comme promis, il fait une chaleur torride et les moustiques squattent visiblement les murs de l'immeuble. Quant au ballon d'eau chaude, il a sans doute traversé quelques siècles (dommage on a oublié de prendre la photo). On se demande si on ne risque pas d'attraper une maladie en se douchant d'ailleurs... Cool. Allez, on file vers un restaurant où le gentil serveur (palme du premier sourire en 48h!) verra notre désespoir et nous offrira la connexion wifi de son téléphone, connexion que nous attendions depuis une quinzaine de jours maintenant. Une absence de wifi qui aura causé bien des inquiétudes en France d'ailleurs... la faute des indiens ça encore ;)

On l'a fait et on est heureux d'être là. Bienvenues à Puducherry !



PRATIQUE


Côté transport

Munnar - Madurai : bus local. Tarif : 115 RS par personne. Temps de trajet : 6 heures (beaucoup de virages, à éviter de nuit)

Madurai - Villupuram : bus. Tarif : 210 RS par personne. Temps de trajet : 5h15

Villupuram - Puducherry : bus de ville. Tarif : 25 RS par personne. Temps de trajet : 1h


Côté hébergement

Sethu Palace : cet endroit n'a rien d'un palace et abrite une colonie de cafards dans ses placards. Nous le notons donc pour vous éviter d'y aller... c'est sympa aussi comme conseil ! En revanche, c'est à cinq minutes à pied de Sri Meenakshi.


Que faire à Madurai

Une seule chose : visiter le Sri Meenakshi


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