Xing Ping et ses pics karstiques

Nous y voilà ! Ces superbes pics que nous apercevions depuis le train entre Shenzhen et Guilin ! En passant devant ce paysage incroyable, nous avons tout de suite fait un bon en arrière et nous nous sommes vus dans la Baie d'Ha Long terrestre au Vietnam. Les paysages se ressemblent, mais à une échelle beaucoup plus imposante! C'est immense !

Ce site s'étend sur des kilomètres et des kilomètres. Nous nous en rendrons vraiment compte le soir, alors que nous grimpons la colline Laozhai afin d'admirer le coucher de soleil trois heures durant. Oui, nous étions un peu en avance. Mais, cela valait le coup d'œil. Car les nuages se sont invités à la fête, laissant les rayons du soleil transpercer ces masses nuageuses par endroits, pour venir caresser ensuite les sommets des montagnes et projeter ainsi d'immenses ombres sur le fleuve, en contrebas. Ce spectacle depuis le sommet de Laozhai, nous serons les seuls à le voir car tous sont venus soit avant, soit après. Question de timing et de patience ! Et comme les images valent mieux que des mots, on vous laisse admirer les belles photos de Roro !

Nous redescendons ensuite vers 19h30 pour prendre une bonne douche (oui, la montée était raide, rapide, mais raide) et ressortir pour trouver une ville morte. Littéralement morte. Il n'y a personne dans les rues, seuls deux restaurants sont, par chance, ouverts.

Le lendemain, nous nous promenons dans ce petit village, dégustons les différentes saveurs de thé qui sont proposées, flânons au bord de la rivière puis partons pour la gare dans l'espoir de pouvoir changer nos billets de train. Oui, nous aimerions profiter un peu plus de cette petite bourgade. C'est là que ce qui devait arriver, arriva presque !

MayDay, MayDay!

Livide. Je suis livide. Roro lui est totalement décontenancé et ne sait trop quoi dire tant la situation est critique. Ah, ça y est il commence à changer de couleur et à devenir tout rouge. Je pars en courant, il faut vite trouver une solution. Pourquoi moi ?! Il est 12h, nous sommes le 11 juin. Nous sommes à la gare de Xing Ping et devons bientôt partir pour Guilin avant d'embarquer pour un train à destination de Zhangjiajie située à plus de dix heures de train de là. Et dans tout ça, mon sésame a disparu : je n'ai plus de passeport. Ce qui signifie que je n'ai plus non plus de visa chinois, ni mongole... mon sang ne fait qu'un tour. Le temps de remonter tout le parvis de la gare, de retourner dans tous les sens le mini van qui nous a emmené depuis Xing Ping à ici, de demander les yeux plein de larmes et le cœur empli de désespoir si les messieurs ne peuvent pas appeler la station de bus que nous venons de quitter. Ma sacoche est tombée là-bas, c'est certain. Ils l'ont peut-être retrouvée. Mais allez essayer de faire comprendre cela en mime... Je passe donc oui au plan B : le centre d'information de tourisme. Ils doivent parler anglais ici. Non plus. Dernier recours : la police. Là encore, la barrière de la langue se dresse devant moi, plus imposante encore que la Muraille de Chine ! Je tente de leur demander leur téléphone pour accéder à un wifi et à un traducteur. Mais à quoi bon, tout est en chinois...

À cet instant, pour ajouter un côté encore plus dramatique à la situation, la pluie commence à tomber (comme quoi, parfois les timings américains dans les films, c'est pour de vrai !). C'est pleine de désespoir que je pars en courant vers un jeune couple. Banco, ils parlent anglais ! Ils me servent de traducteur pendant que Roro attend toujours devant le guichet, passant de la colère au désespoir. Les policiers finissent par appeler la Station de bus de Xing Ping. Rien. Faisons table rase des quelques minutes de querelle de couple : "mais tu peux pas faire attention à tes affaires ?! Ton passeport c'est ta vie !", pour arriver trente minutes plus tard, de nouveau dans la cabine de la police où un jeune agent vient de faire son apparition, avec une application de traduction, nous annonçant d'attendre ici, ils ont retrouvé mon passeport. Ascenseur émotionnel. Fait-on confiance à une application ?! On lui fait répéter de différentes manières, mais à chaque fois le résultat est le même : "nous avons votre passeport". Arrêt sur image, plan serré, regards levés vers le ciel. Merci à toi, jolie petite étoile de veiller sur nous... pour fêter ça, je fais un câlin au policier parce que, c'était vraiment la cata !!!

Vingt minutes plus tard, après quelques séances de photos pour le carnet d'or - oui, j'ai d'ailleurs été filmée pendant la scène de panique, lorsque mon passeport était toujours porté disparu et que personne ne comprenait ce que je disais - ma pochette m'est rendue avec absolument tout son contenu !

Nous étions venus à la gare pour échanger un billet de train que nous n'échangerons finalement pas... on avait besoin d'un peu d'action et d'adrénaline en fait ! On se disait qu'il ne nous était rien arrivé de dramatique depuis le début de notre voyage, on a bien failli provoquer un retour anticipé ce jour-là...

Après nos émotions vécues à Xing Ping ce matin, c'est avec grand bonheur que nous arrivons à la gare de Guilinbei. Trouvée par hasard celle-ci d'ailleurs. Pensant avoir passé l'arrêt de bus, nous avons sauté à un arrêt - faisant une confiance aveugle en Maps.me.

Et puis, quelque chose nous a poussé à aller demander notre chemin. Le verdict fut sans appel : Maps.me

était en train de nous emmener vers la mauvaise gare. La communication, il n'y a que ça de vrai ! Notre bonne étoile veille toujours sur nous, soyez sans crainte ! C'est avec beaucoup de soulagement que nous nous retrouvons dans la gare avec 45 minutes d'avance. Aaaaaah les joies du train. Notre premier voyage n'était finalement pas du tout représentatif de ce que sont les "vrais voyages" en train en Chine. Nous voici à bord de notre wagon en direction de Changsha, où une correspondance très matinale nous attend pour rejoindre un des lieux ayant inspiré Avatar et la belle planète Pandora : le parc national de Zhangjiajie.

Passée la surprise de la découverte du train qui nous renvoie des années en arrière - les trains couchettes, le style du train, la décoration, tout laisse à penser vu de l'extérieur que nous sommes de retour dans les années 1970 - nous montons dans la voiture numéro 9. C'est alors qu'une bouffée d'odeur de cigarette nous envahit les narines. Mais non, pourquoi n'y a-t-on pas pensé plus tôt ?! Ils fument dans le train mais c'est bien sûr ! Étant juste à côté de la porte du wagon (improvisé en lieu de rencontre pour fumeurs), porte qui ne ferme pas, nous sommes heureux de nous préparer à plus de 6h de trajet dans un fumoir mobile. Nous négocions avec une famille qui squatte un de nos sièges, réussissons à nous asseoir l'un à côté de l'autre avec, en face de nous, les voisins les plus représentatifs de la Chine. Enfin, on veut dire les plus représentatifs quand on pense à la Chine avant de venir y faire un voyage. L'un mange une boîte de flageolets (conserve infâme) d'une manière peu ragoûtante, l'autre une boîte de pâtes lyophilisées qui nous paraît tout aussi immangeable. Aaaah les doux bruits de bouches en mangeant... et puis, ensuite, nous avons le droit à la musique de jeu vidéo qui crie "ass" qui signifie "cul" toutes les dix secondes. Un jeu parfait pour les Chinois qui ne parlent pas un mot d'anglais et qui se font insulter inconsciemment. Ah on rit en regardant notre monsieur au gros ventre, marcel et bretelles ajustées (ou pas) qui passera six heures à dormir, manger, dormir, manger... entre temps, notre petite voisine avec qui nous avons échangé nos places plus tôt vient s'asseoir à nos côtés pour discuter un peu. Autodidacte, elle a appris l'anglais en regardant les films et lisant des livres. Elle impressionne tout le monde, y compris ses compatriotes qui la regardent avec des yeux ronds comme des billes devant tant d'aisance dans la langue de Shakespeare. Notre petite bavarde nous en apprendra un peu plus sur les coutumes des Chinois - notamment la manie qu'ils ont souvent à se presser les membres ou rester toujours en mouvement. C'est en fait une recommandation faite par les médecins ici ! Elle nous raconte aussi qu'eux les Chinois ne sont pas aimés du reste du monde, alors qu'eux aiment tout le monde et sont prêts à aider, toujours. C'est vrai. Sauf quand il s'agit de Japonais, nous dit-elle. C'est le seul peuple qu'ils détestent plus que tout. "Oui, parce que pendant la guerre...", c'est donc la deuxième personne dans la même journée qui nous parlera d'une rancœur (datant de près de 70 ans) envers un peuple. Faudrait peut-être voir à passer l'éponge et à s'ouvrir un peu plus l'esprit car de l'eau à couler sous les ponts depuis et quelques générations ont vu le jour par la même occasion. "Vous avez raison", nous dira note jeune Peng à peine âgée de 23 ans, "il faut que je m'ouvre l'esprit, je vais lire plus à ce sujet".

Apres deux bonnes heures de conversation, nous finissons par somnoler assis droits comme des piquets. 90° c'est un peu rude pour dormir quand même... Nous arrivons à Changsha vers 3h du matin où nous attendons notre deuxième train deux heures durant avant de filer pour Zhangjiajie. C'est sous la pluie que nous débarquons, à 10h du matin. Première mission du jour : acheter le billet de retour pour Guilin, puis un autre ticket pour Chengdu. On s'en sort comme des chefs grâce à une petite application de traduction qui nous donnera un joli coup de pouce. Tickets de train en poche, nous voici désormais fauchés comme les blés. Après avoir tenté de retirer dans une première banque sans succès, nous entrons dans celle qui a toujours fonctionné jusqu'alors : ABC. Le distributeur automatique est en chinois... et s'avère être très gourmand. Il a avalé notre carte bancaire le bougre. La blague !!! C'est à ce moment-là que nous nous mettons à demander de l'aide en anglais. En vain. Nous trouverons finalement une solution après de longues minutes de négociation avec la manager qui était persuadée que nous ne pouvions tout simplement pas retirer dans cette banque, ce qu'elle ne comprenait pas, c'est que l'option "anglais" n'était pas proposée dans le menu, ne nous facilitant pas la tâche pour trouver la touche "retrait"... tout est bien qui finit bien, nous retrouvons notre carte bancaire fonctionnelle et avons même des sous en poche ! Zhangjiajie, on arrive !

PRATIQUE

Côté pratique

Que faire à Xing Ping ?

Se promener et grimper quelques montagnes karstiques pour le lever et/ou le coucher de soleil. Bien penser à se munir d'une frontale si vous décidez de faire le coucher du soleil...

Se promener dans la "Old Street" de Xing Ping mais avant 20h30, après, la ville dort dans un sommeil profond.

Aller à la découverte des pêcheurs au cormorans (il faut sans doute marcher longtemps et loin de la ville car, ici, la tradition s'est perdue et seuls persistent quelques "acteurs" faisant le show pour les touristes... dommage).

À noter qu'à une heure de route se trouve Yangshuo. Un spectacle sur l'eau a lieu tous les soirs. Apparemment, il vaut vraiment le coup d'œil. Faute de temps, nous n'avons pas pu nous y rendre !

Côté transport

Depuis Guilin jusqu'à Xing Ping

• Par bus. Il faut prendre deux bus : un jusqu'à Yangshuo (25 yuans par personne) au départ de Guilin railway station et un autre depuis Yangshuo jusqu'à Xing Ping (10 yuans par personne). Bien spécifier au premier chauffeur que vous souhaitez aller à Xing Ping, il vous déposera au bon endroit pour attendre le bus.

• Par train : 22 yuans par personne. Temps de trajet : 30 minutes. Le train part de Guilin North Station et Guilin West Station.

Depuis Xing Ping jusqu'à Guilin

• Par bus : il existe un bus direct depuis Xing Ping à Guilin partant une fois par heure au départ de la station de bus située en plein centre-ville. Tarif : 30 yuans par personne. Temps de trajet : 2h30.

• Par train : depuis Xing Ping, il faut prendre un bus (15 min de trajet, 5 yuans) jusqu'à la gare ferroviaire de Yangshuo. Puis embarquer en direction de Guilin pour 30 minutes de trajet. NB : il y a un guichet si vous souhaitez acheter des billets de train depuis la gare de bus de Xing Ping. Tarif : 22 yuans.

Guilinbei - Changsha : train. Temps de trajet : 7h. Tarif : 75 yuans par personne en hard seat (siège à 90°, être psychologiquement préparé)

Changsha - Zhangjiajie : train. Temps de trajet : 6h. Tarif : 85 yuans par personne en hard seat

Zhangjiajie - Yaya guesthouse : petit bus pris à la Station de bus. Temps de trajet : 1h30. Tarif : 12 yuans par personne

Côté hébergement

The Old Place : tarif pour un chambre double : 11 euros. Le personnel est très aimable et accueillant. Nous avons même eu la bonne surprise d'être surclassés ! La chambre était ravissante et très très propre. Quant à la douche, un régal à l'italienne !

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