A Loikaw : rencontre avec des femmes pas comme les autres
- Ronan
- 5 févr. 2017
- 7 min de lecture

On ne perd pas les bonnes habitudes : 6h, le réveil sonne. Ce n'est vraiment pas de tout repos les voyages ! Nos hôtes, adorables, se lèvent exprès pour nous faire le petit déjeuner alors même qu'il est normalement servi une heure après... Un pickup passe nous chercher devant notre hôtel, nous offrant 30 bonnes minutes de fraîcheur. Cela nous permet de garder l'esprit vif devant les paysages brumeux qui nous offrent un très joli spectacle matinal.


A un croisement, nous attendons encore une vingtaine de minutes, le temps que notre bus arrive - le temps aussi pour nous d'entendre environ 25 raclements de gorge, de voir 15 bons crachats rouge vif, le tout en première classe s'il vous plaît, et ça, ça n'a pas de prix ! Notre "colectivo" débarque enfin. C'est parti pour quelques heures de bus chargés comme des mulets. Pas certains de pouvoir poser nos pieds quelque part. Bah, rien de grave, l'important c'est d'arriver à destination et on y arrive!
Notre chauffeur qui ne parle pas un mot d'anglais essaye tant bien que mal de nous orienter pour un hôtel. Il va même jusqu'à appeler un hôtel, mais la communication est très mauvaise et l'anglais à l'autre bout du fil n'est pas génial non plus. Du coup, nous remercions le monsieur et lui assurons que ce n'est pas grave, on va rester ici et se débrouiller. La chaleur étant assez forte, nous décidons de laisser Claude et Ginette avec les sacs et de partir en éclaireur pour trouver un endroit où dormir. Sauf qu'on se cassera le nez à deux reprises dans des guesthouses réservées exclusivement aux locaux. Il faut dire que le tourisme local est aussi une grande nouveauté ici, et on en est bien heureux. Sauf que ce serait sympa si on pouvait faire un somme dans un lieu sûr ce soir.
Après avoir tourné un peu (notre GPS n'est pas tout à fait au point dans les petites villes birmanes, on le pardonne, les routes se construisent à une telle vitesse, il ne peut pas suivre !), nous finissons par tomber sur une gentille birmane qui dit posséder la guesthouse la moins chère de la ville. A en croire le discours du Gallois, un des rares sinon le seul touriste que nous croiserons ici, elle dit vrai. Allez, ça a l'air très bien ici ! Trop gentils, ils nous proposent même une voiture pour aller chercher Ginette, Claude et les sacs restés en centre-ville. Parfait !
Pas le temps de se reposer pour Ronan et son père qui filent à bicyclette vintage vers la banque la plus proche pour faire du change ou retirer de l'argent (on a comme qui dirait des problèmes de banque en Birmanie, quand ça veut pas...). Expérience folklo apparemment : Claude n'a pas de frein (dans un pays où tu dois t'attendre à voir débouler une moto de nulle part à tout moment, ça peut s'avérer très délicat) mais arrivera quand même jusqu'à la banque où on travaille visiblement à l'ancienne. Tous les billets étalés sur une table et les femmes triant chacun d'entre eux... Un peu à la manière des banques de Western où l'on s'attend à voir débarquer les Daltons à tout moment...
Un déjeuner plus tard, nous faisons un tour dans la ville avant de décider de notre programme de demain : femmes-girafes ce sera ! Notre chauffeur arrive bien tôt, c'est parti pour une journée de découverte culturelle. Une bonne heure de route nous attend jusqu'au village de Ponpet. Et la route est plutôt belle. On s'attendait à avoir un chemin de terre tout le long mais comme on l'a dit plus tôt, les routes se construisent à vitesse grand V ici. Et il faut voir les conditions dans lesquelles ils/elles travaillent. Car ici, pas de sexisme, tout le monde est logé à la même enseigne.

Même si les femmes sont plutôt relayées aux travaux minutieux, à savoir tri des pierres, rangement des pierres sur les routes ; alors que les hommes se concentrent sur le gros œuvre ou les tâches nécessitant un peu plus de force : casser les rochers, faire le goudron (sans masque et avec les enfants à côté tant qu'à faire) mais toujours avec le sourire. La construction des routes marquera beaucoup notre passage en Birmanie, à tel point que l'odeur de goudron sera pour nous (avec le Betel) un souvenir olfactif rattaché à ce pays !


En route, nous apercevons un groupe de femmes déplantant du riz. Ni une ni deux, on remonte les pantalons et à l'eau ! Ça les fait bien marrer qu'on veuille voir comment ça se passe de plus près. Bon et après coup, pour l'avoir testé, on peut le dire, ça a l'air simple comme ça mais ça ne l'est pas du tout. J'ai beau essayer de prendre toutes les racines : soit j'embarque un kilo de terre avec, soit je coupe les racines. On va arrêter le massacre tout de suite et on va laisser les pros continuer. Ce serait dommage de leur pourrir leur récolte. Hum. En tout cas, chapeau à ces travailleurs acharnés qui n'ont vraiment pas un boulot facile (ça casse franchement le dos) mais qui le font toujours avec le sourire et en se marrant coûte que coûte. De retour dans la voiture (oups la bonne odeur de vase), nous continuons notre chemin vers nos femmes au long cou. Après avoir croisé des centaines de travailleurs, des milliers de tas de cailloux, des dizaines de cahutes provisoires sur le bord de la route (les travailleurs ne peuvent pas tous rentrer chez eux, cela leur prendrait trop de temps d'une part et trop d'argent aussi), nous empruntons un chemin de terre rouge. La terre est si sèche que la poussière vole de toute part, colorant au passage la végétation qui paraît comme figée dans le temps. Ne sachant pas vraiment à quoi nous attendre avant d'arriver dans le village, on s'attend au pire, à savoir un village ultra touristique. A notre grande surprise, nous ne croisons que deux touristes et sommes rassurés de nous faire refuser la prise en photo d'une vieille femme girafe qui veille sur le village depuis sa maison sur pilotis. Elle refuse d'un geste de la main, nous respectons bien sûr et la saluons avant de continuer notre chemin dans Ponpet. Nous discutons autant que nous le pouvons avec une jeune femme dont la grand-mère est femme-girafe.



Nous lui demandons pourquoi, elle, ne porte pas de collier en laiton. Elle nous répond tout naturellement que c'est moche ! Ça c'est dit ! Et devant son aïeule en plus, aucun scrupule les jeunes. Et ça pèse son poids... Nous discutons avec une autre femme girafe, jeune et magnifique qui a le sourire jusqu'aux oreilles tout au long de la conversation. Elle nous montre comment elle tisse dans un super anglais appris sur le tas. Respect !


Nous voyons quelques photos de femmes ayant retiré leur collier. Le résultat fait peur : ecchymoses sur un cou qui ressemble un un mollet tellement c'est agrandit. Pas joli joli quoi. Bref. Ce passage sera impressionnant et on se dit qu'on serait bien resté un peu plus longtemps histoire de partager un bout de leur histoire au coin du feu. La prochaine fois. Cela fait déjà deux heures que nous déambulons dans le village, il est temps de filer vers un autre village pour aller à la rencontre des femmes aux longues-oreilles.






Mais avant cela, c'est l'heure du déjeuner où nous en apprenons un peu plus sur la vie en Birmanie et le coût de la vie. Moralité : acheter une maison, ce n'est pas si donné que cela... Ne serait-ce que l'achat du terrain est un gouffre financier (quelque chose comme 70 000 euros quand même). La location en revanche est vraiment bon marché. Mais notre guide a envie d'avoir son chez lui, alors il travaille dur pour cela.
Après cet intermède, nous arrivons au village au nom inconnu pour rendre visite aux femmes aux longues-oreilles. Bon, mauvaise surprise ici pour prendre des photos il faut payer. La pauvre mamie est malade en plus on est un peu mal à l'aise mais on la regarde et on l'écoute jouer de son instrument avec beaucoup d'attention. Enfin, on dit mamie, en vrai elle n'a que 65 ans mais en paraît plus physiquement.

On sent qu'il y a du vécu dans ce ptit corps tout frêle. Dans le village, nous nous faisons inviter par deux jeunes femmes pour manger un goûter et simplement échanger quelques mots en anglais et en birman, puis c'est au tour de Claude de bosser ! Près de l'école, un bâtiment est en pleine construction et les femmes s'activent pour faire du béton.






On a un as en la matière ce serait dommage de ne pas leur donner un coup de main, quoiqu'elles ont un excellent coup de pelle ! Elles se marrent, nous prennent en photo. Bref, on rigole bien. Le temps de passer par le lac appelé "Umbrella", portant ce nom en référence à la curiosité naturelle qu'il renferme : de nombreux petits cratères se sont formés dans ce petit espace, avec des sources d'eau à chaque sommet. Malheureusement pour nous, le niveau de l'eau est trop élevé, du coup, seul un cratère est visible en ce moment.



Le soleil ne va pas tarder à se coucher, idéal pour aller faire un tour en haut du temple dans Loikaw d'où nous avons une vue panoramique sur toute la vallée. Sympa comme fin de journée. Le lendemain, on visite la ville avant de prendre notre "colectivo" vers 16h30. Ce soir, nous partons vers Bagan : un coq aux pieds, assis tout au fond du bus - lieu le plus tapecul qui soit - à quatre sur la banquette, la nuit promet d'être longue.


Côté hébergement Nanayer hôtel : 25000 kyats par personne pour une chambre double Côté pratique Si vous voulez rejoindre un village de "femmes-girafes", le coût auprès d'un taxi local est d'environ 70 000 kyats pour la journée. Ne pas hésiter à contacter un jeune guide qui fait des prix très intéressants et vous emmène hors des sentiers battus (expérience vécue par un gallois. Nous n'avons pas eu la chance de profiter des services de ce jeune guide qui était occupé lors de notre passage à Loikaw).
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