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Labranza : rencontre avec une famille Nicaraguayenne

  • Ronan
  • 7 déc. 2016
  • 7 min de lecture


Le temps de prendre un petit déjeuner beaucoup trop cher pour ce que c'est (hum) et nous partons en direction du "terminal" de la Pulperia Miraflor (qui est en fait une tienda). On ne sait jamais, ici, les bus peuvent avoir 1h de retard comme 1h d'avance. Alors, pour éviter tout malentendu - et comme ce bus est le deuxième et dernier du jour - on a prévu laaaaarge ! Triste spectacle à côté de nous pendant l'attente du bus : un jeune homme drogué à la colle nous demande de l'argent, nous insulte, et insulte à vrai dire tous les gens autour de lui, parce que personne ne veut participer à cela. Nous verrons beaucoup de drogués à la colle par la suite, chose que nous n'avions pas vu jusqu'alors. Car, jusqu'ici, les enfants/adolescents travaillaient pour avoir un peu d'argent mais ne se droguaient pas (nous parlons de l'Amérique centrale). Alors, oui c'est dur de voir des enfants/adolescents travailler, mais ça l'est encore plus de les voir se shooter à la colle. Dure réalité très (trop) présente au Nicaragua...


Quand le bus arrive, il est déjà plein à craquer. Nous ferons donc le trajet debout, accompagnés par une

musique des années 80s tout bonnement fabuleuse. Je suis aux anges et peux enfin chanter tranquille ! Oh yeah ! On roule à deux à l'heure, nous arrêtant tous les 15 mètres pour déposer ou embarquer des gens dans le bus. Après 1h30, nous arrivons à un carrefour de deux chemins de terre. Ah ! C'est ici que nous sortons apparemment. Notre famille nous attend ici - une partie venait d'ailleurs d'Esteli apparemment. Bah oui, il faut bien qu'ils fassent quelques courses pour leur boutique. Nous sommes accueillis par Juan le plus petit âgé de 8 ans, sa maman et la petite voisine.

Le temps de charger les chevaux avec toutes leurs courses et c'est parti pour 30 minutes de marche sous un soleil de plomb. Petit village en effet. Ici circulent quelques voitures mais elles se comptent sur les doigts d'une main. Le principal moyen de transport les reliant à la ville reste le bus qui passe deux fois par jour. Faut pas le rater quoi ! L'accueil est surtout fait par le petit Juan qui aime poser un tas de questions et qui veut nous faire faire plein de choses. Seulement le ptit cul, bah il est pas dans sa forme olympique et cela durera malheureusement deux jours...

Quand nous arrivons dans la maison, c'est bizarre. Nous avons notre petite chambre et salle de bain à côté de leur maison ; et l'accueil est froid de prime abord. Bon, on espère que cela se détendra un peu plus après. On déjeune et on file se reposer dans les hamacs avant d'enchaîner sur une partie de baseball, entraînés par le petit Juan qui est heureux de partager ce moment avec nous. C'est le sport national ici, tous les petits bleds ont leur terrain de baseball. Autant vous dire que la dernière fois qu'on a joué au baseball, c'était il y a bien longtemps, j'en ai oublié les règles d'ailleurs. On reprend tout à zéro et au bout de quelques tours de terrain, ça revient. Nous retrouvons quelques jeunes sur le terrain qui se joignent à nous pour la partie. On rigole bien, on se donne à fond et on est arrêté dans notre élan sportif par la nuit qui tombe très rapidement nous empêchant de voir la balle fabriquée maison (c'est en fait une boule de petits linges). Trop d'émotions pour mon petit estomac qui venait à peine de se remettre de son plat. Du coup le diner sera léger et c'est pas plus mal !

L'ambiance se détendra beaucoup plus en présence du père de famille, Orlando, qui est artiste à ses heures perdues. Il nous chantera quelques chansons Nicaraguayennes pour notre plus grand plaisir et nous racontera l'histoire tourmentée du Nicaragua ainsi que l'histoire de sa famille qui a décidé de fuir la campagne pour rejoindre la ville. Lui, au contraire, a préféré y rester "nous avons tout ce dont nous avons besoin ici : tout est dans les champs que nous cultivons et nous avons quelques bêtes". Pas faux ! Ils sont bien ici, au calme avec personne pour les embêter, à part peut-être l'église située juste à côté. Sacrée expérience que de se rendre dans cette église ! Nous y avons été témoins, pour la première fois de notre vie, d'une séance d'exorcisme livrée en direct. On peut le dire : ça fait vraiment peur. Pardon par avance, mais il y a certains moments, on se dit qu'ils sont vraiment pas tout seuls dans leur tête les gens ! Imaginez la scène : Roro et moi entendons des chants bizarres à côté de la maison. Vous nous connaissez, on est curieux, alors on s'approche. On rentre dans le jardin et on reste bouches bées devant l'entrée de l'église. Le spectacle qui s'offre à nous est comme venu d'un autre monde : une femme est à genoux, tête baissée, pendant qu'une quinzaine d'autres personnes tournent autour d'elle, lui caressent les bras d'un coup sec, comme pour enlever quelque chose de mauvais (de mâlin serait le mot approprié), répétant tous à tue-tête, scandant parfois, les paroles du "prêtre" qui est complètement possédé. Ça existe donc vraiment. Orlando nous glissera l'air de rien qu'il chante parfois à l'église, mais pas celle-ci parce qu'ils sont un peu "toqués". On est rassuré, ils sont normaux dans la famille ! Nous échangerons ainsi encore un long moment avant de nous rendre dans nos quartiers, de manquer avant cela de nous transpercer les pieds sur les clous intelligemment (ironique) plantés à l'entrée de la cabine de douche (qui n'a pas de porte au passage). Ils ont dû penser qu'on était fakir, c'est certain.


Le lendemain matin, Roro est fatigué (et surtout malade) pour se lever et aider à faire les tortillas. Il est 5h30 aussi, c'est pas une heure pour se lever ! Quand j'arrive dans la cuisine, j'entends déjà notre hôte taper depuis un long moment sur le plan de travail. Elle s'active et elle fait pas semblant ! Je m'essaye aux tortillas. La technique ici est différente de celle utilisée par notre famille du côté de Nebaj au Guatemala. Pas grave, je m'adapte. Les premiers sont ratées, comme d'habitude mais une fois le coup de main attrapé on ne m'arrête plus.

Elle me montrera comment ils font le fromage, la fabrication des tortillas, nous irons faire un tour dans leur jardin bien fourni. La vie à la campagne quoi. C'est reposant. Roro finit pas se lever tant bien que mal. Nous marchons jusqu'au champ pour livrer le déjeuner au père de famille et rentrons illico car c'est vraiment pas la grande forme. Cette escapade nous permet tout de même de voir un enfant de 8 ans faire un licol à un cheval avec une corde trouvée par terre. Voilà voilà. On en apprend tous les jours ! Ça se gâte ensuite pour Roro dont les jambes commencent à se transformer en quelque chose d'atroce avec un nombre de piqûres tellement impressionnant, du jamais vu. Heureusement, une enfant de 6 ans cette fois-ci nous rassure en nous disant que ce n'est qu'une réaction allergisante et qu'il suffit de prendre une pilule pour soigner cela. On est un peu sceptique devant les dires de la petite Jadera... Qui avait en fait raison ! La vérité sort toujours de la bouche des enfants, on ne le dira jamais assez ! On a de la chance, notre hôte a ce qu'il faut pour Roro qui retrouve forme humaine très rapidement ensuite.

Nous aidons à préparer le repas, fait à base de beaucoup d'huile (ils adorent l'huile ici, enfin la friture en fait), et partageons le repas avec la mère de famille qui nous en apprend un peu plus sur la place des femmes au Nicaragua, le mariage des jeunes femmes, l'éducation, etc. Ici, les jeunes femmes n'ont pas le droit d'avoir un copain, elles passent directement au statut de "novio" ou fiancé chez nous. Mais attention, pas de bisous ni rien : ils se parlent, apprennent à se connaître puis se marient si ça fonctionne bien. Chez la famille où nous vivons, les parents ne s'opposent pas aux choix de leurs enfants, mais ils ont un avis quand même, nous dit-elle en rigolant et en regardant sa fille pour critiquer son petit copain qui est "bien trop petit" pour elle ! Il faut dire qu'elle nous a pondu deux jumelles plutôt grande notre hôte ce qui est rare ici - la grandeur pas le fait d'avoir des jumelles ! Nous apprenons d'ailleurs qu'ils ont fait une énorme fête pour leurs 15 ans. Ici, on ne fête pas les 18 ans mais les 15 ans chez les filles. Pourquoi ? Parce qu'on devient une femme à cet âge là quelle question !? 400 personnes étaient présentes à cette fête, la famille est grande ! C'est plus de personne que pour un mariage, heureusement qu'ils ont des amis pour leur prêter main forte sinon c'était traiteur assuré !

C'est bien les repas pour échanger quand même ! Parce qu'en dehors de ces heures là, nous sommes un peu livrés à nous-mêmes. Enfin presque, on veut absolument nous vendre des leçons de cheval ou une marche guidée payante jusqu'à un mirador situé à 20 minutes de marche d'ici. Et ça, c'est pesant. On voulait savoir comment ils vivaient, vivre leur quotidien mais on a l'impression d'arriver trop tard après le début de la collaboration entre l'agence et cette famille. Dommage... Le lendemain, nous prenons notre petit déjeuner rapidement et déjà nos remplaçantes arrivent. Elles ont un bel accueil bien chaleureux pendant que nous embrassons les membres de la famille. Nous repartons avec l'étrange sentiment que ce que nous étions venus chercher ici, nous ne l'avons pas forcément trouvé. Mais nous avons tout de même appris beaucoup et c'est ça l'essentiel. Le seul triste de nous voir partir, c'est le chien qui s'échappe de la maison et nous accompagne jusqu'à la route où nous attendrons le bus une heure durant (on vous l'a dit, ils ne sont pas à cheval sur les horaires). De retour à Esteli, nous filons directement vers Leon, la ville des volcans.



Côté transport Esteli - La Labranza : temps de trajet : entre 45min et 2h (dépend du nombre d'arrêts...). Tarif : environ 25 cordobas. Côté pratique Si vous souhaitez vivre quelques jours avec une famille dans la réserve de Miraflor, vous pouvez passer à l'agence Tree Huggers qui a un large carnet d'adresses. Faites votre choix parmi les différentes adresses. C'est également par eux que vous pouvez passer pour vous rendre au cañon de Somoto.



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