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  • Ronan

En route pour le Chili : 1000 km en stop plus tard...



Après une nuit passée au bord de la route, nous plions bagage à 7h, profitant d'un magnifique lever de soleil sur le Fitz Roy - ce sera le seul point positif du lieu de repos d'ailleurs car aujourd'hui, le vent est particulièrement impressionnant. Les voitures se font rares... Nous commençons à penser que le stop c'est pas si simple que les gens veulent bien le dire en Argentine.






Un premier camping-car s'arrête au bout de 3h d'attente, mais le chemin n'est pas tout à fait le bon... Quoiqu'à bien y réfléchir, on aurait peut-être dû monter avec eux. C'était certainement notre seule chance d'avancer et de quitter ce trou perdu ! Enfin c'est ce qu'on pensait jusqu'à ce que Juan Carlos s'arrête. Ironie du sort : Juan Carlos occupait la même auberge que nous à El Chalten. Mais pour une raison que nous ignorons encore, il ne nous a pas proposé de nous emmener quand nous lui avons parlé la veille... Pas grave, il s'est arrêté aujourd'hui et ça, c'est vraiment chouette ! Parce que Juan Carlos, il va faire exactement 650 km aujourd'hui en se rendant à Perito Moreno (ville), exactement là où nous souhaitons aller... Alors, "Pas de problème, que des solutions" : vous commencez à y croire vous aussi ?


Le stop, ça a vraiment du bon ! Grâce à Juan Carlos, nous pourrons emprunter la fameuse "Ruta 40" qui est en grande partie un chemin de terre en fait. Nous sommes vraiment au cœur de la Patagonie croisant tantôt une estancia, que l'on pourrait définir de "ferme" XXXXXXXXL - certaines peuvent faire jusqu'à 30 000 hectares et posséder des centaines de moutons, guanacos ou choique (autruches) - tantôt une autre estancia. Il n'y a personne !

On regarde discrètement l'aiguille de l'essence. C'est bon mon ptit cul, on ne va pas pousser la voiture tout de suite ! Mais apparemment, les pannes d'essence en plein cœur de la Patagonie, ça ne lui fait pas peur à notre ami. Ça lui est d'ailleurs arrivé il y a une bonne trentaine d'années de cela, quand la Patagonie était encore plus déserte qu'aujourd'hui... Et il est encore là pour en parler. Alors bon, on a rien à craindre ! Des heures durant, les plaines de la Patagonie s'étendent face à nous, à perte de vue. Des heures de route à parler de tout et de rien : de la construction des barrières des estancias, des estancias, des Argentins, de l'Argentine, etc. Juan Carlos est passionné par son pays et partage avec nous quelques belles histoires. On ne va pas toutes vous les raconter, on peut garder des secrets aussi ! Nous ferons une halte dans la "Cueva de Los Manos". Situé à une centaine de kilomètres au sud de Perito Moreno (ville toujours), ce lieu classé patrimoine de l'UNESCO est tout bonnement inaccessible sans véhicule.



On vous le répète : hors période touristique, la Patagonie, c'est compliqué ! Ce lieu plein d'Histoire est magnifique. Surplombant le Rio Pinturas, nous sommes en fait perchés dans le creux d'une des parois du canyon, nous offrant ainsi une vue imprenable.



Parlons un peu Histoire. Le matériau utilisé par les chasseurs-cueilleurs il y a près de 8000 ans (quand même !) était "diantrement" efficace : les mains épargnées par les rayons du soleil paraissent avoir été réalisées hier tant les couleurs sont encore vives. Au-delà de mains dessinées, les ancêtres de la tribu Tehuelche étaient également de bons peintres et d'excellents chasseurs : ils confient d'ailleurs leurs secrets de chasse des Guanacos à travers ces dessins. De nombreux mystères entourent encore ce lieu où de nombreux archéologues viennent réaliser des fouilles de manière régulière. Peu ou pas de corps découverts encore. La raison : ces chasseurs-cueilleurs dormaient, mangeaient (beaucoup d'os de guanacos mais aussi de pumas ont été trouvés), vivaient ici... Et immigraient beaucoup. Et oui, ils suivaient la migration naturelle de leur animal favori : le guanaco. Car, si aujourd'hui, les milliers de kilomètres de barrières installées sur les plaines de la Patagonie empêchent la migration de ces animaux, elle était bien réelle avant les constructions faites par l'homme. Leur migration fait partie de leurs gênes, alors pourquoi le guanaco ne migre-t-il plus ou peu aujourd'hui ? Après tout, il peut sauter les barrières d'1m50 sans problème ! Bah oui, mais maman guanaco ne laisse pas sa progéniture toute seule alors voilà, les barrières construites par l'homme dérèglent peu à peu leur mode de (sur)vie.


Nous reprenons la route après cette halte éducative de deux heures - nous avons été bavards et notre guide était super passionnée - apercevons au loin un paysage apocalyptique et arrivons à Perito Moreno vers 20h30. Le moment est venu de faire nos adieux à Juan Carlos qui nous aura beaucoup aidé dans notre périple ! Ce soir, c'est de nouveau camping pour nous, mais cette fois-ci, on peut manger au chaud, et ça c'est top ! Perito Moreno ville, c'est un peu mort... Du coup, on décide de filer. Pas de bol, le prochain bus part dans 30 minutes, trop court pour faire un aller/retour et récupérer nos affaires. Le prochain bus étant ce soir à 20h30, nous décidons de faire du stop car nous aimerions dormir au Chili ce soir. Et puis, on y prend goût au stop finalement ! À peine 10 minutes d'attente et nous partons en direction de Los Antiguos, ville frontière côté Chili. Parfait ! Nous n'avons qu'une petite heure de route en perspective et 3km ah bah non, 15km en fait à parcourir entre Los Antiguos et Chile Chico à pieds. On n'avait pas prévu de faire autant de marche aujourd'hui. Qu'à cela ne tienne ! Notre sympathique chauffeur nous dépose à Los Antiguos, nous laissant nous diriger doucement mais sûrement vers la frontière chilienne. Et là, on pourra bien dire qu'on l'a traversée à pieds celle-ci ! Le no man's land est tellement long... Et habité ?! " A ton avis, c'est quoi leur adresse postale ? No man's land entre Chile Chico et Los Antiguos, 3eme toit à gauche ?"



Le temps sur les montagnes n'est pas au beau et le vent commence à souffler sérieusement. On espère ne pas se prendre une saucée. Le vent sera avec nous ! En attendant, on marche, on marche, on lève les pouces parce que bon, 15 km à pieds, sur une route , c'est pas ce qu'on préfère... Mais on est moins chanceux que ce matin. Un truck nous embarquera tout de même 2km avant l'arrivée à la frontière ! Ouf. Et un autre s'arrêtera gentiment pour nous déposer dans le "centre-ville" - comprendre dans la rue - de Chile Chico. Adieux l'Argentine, nous sommes de retour au Chili pour nos deux dernières semaines en Amérique du Sud !



Côté transport Hors saison, faire El Chalten - Perito Moreno, c'est toute une aventure. Il existe des bus mais qui coûtent les yeux de la tête et qui vous font passer par El Calafate, Rio Gallegos et la côte Est d'Argentine au lieu de prendre la fameuse Ruta 40 qui, elle, est directe. Sinon, faire du stop, c'est aussi une très bonne option. Il faut juste s'armer de patience, d'eau et de nourriture.



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