Le volcan Cayambe, ses 5700m, sa tempête de neige...
- Ronan
- 27 juil. 2016
- 7 min de lecture

À Quito, après avoir littéralement sapé le moral de Ronan en nous annonçant que le célèbre volcan Cotopaxi était fermé pour des raisons de sécurité (le volcan est entré en éruption il y a peu de temps, il est encore en alerte jaune ; flûte, on passe à côté d'une superbe ascension à 5900m, ce sera pour la prochaine fois), notre hôte nous indique gentiment une agence avec laquelle nous pourrions tenter une autre ascension. Le feeling passe plutôt bien mais ça nous paraît cher... Après comparaison avec d'autres agences et surtout avec une ascension du Mont-Blanc, on se dit que ce serait bête de ne pas en profiter ici. Du coup, on se "retranche" sur le volcan Cayambe qui ne fait que 5700m d'altitude ! Trop dure notre vie ! Ronan retrouve le sourire, il va l'avoir son ascension ;) Quant à moi... Je vais l'avoir mon exploit ! Tout l'équipement est fourni, nuit en refuge à 4600m et réveil à minuit pour une ascension nocturne. Ah oui, quand même... on va en baver.

Après une bonne nuit de sommeil à Quito (presque, c'était sans compter sur nos voisins de chambre qui avaient très envie de faire beaucoup beaucoup de bruit à 4h du matin), nous faisons donc nos sacs pour notre ascension. Seule indication que nous avons : prendre tout ce que nous avons de plus chaud. Pour le reste, on peut tout laisser à l'agence, de toute façon on repasse par Quito ! Le temps donc de tout vider, d'acheter des "melcochas", sucreries qui devraient nous aider à grimper au sommet et nous voici partis en direction d'une autre agence où nous attendent deux compagnons de route : Laura et Gordon, deux Anglais très sympas. À l'agence Écotour, les choses sérieuses commencent : on nous fait déballer nos sacs pour voir ce que nous avons en stock. Résultat : bah on est pas si mal ! Ne manquent à notre panoplie que quelques vêtements du genre très utiles en montagne : un manteau chaud et imperméable, une paire de moufles, un passe-montagne... Sans oublier piolet, chaussures de haute montagne et crampons. C'est à ce moment-là que je me dis "mais dans quoi on s'est embarqué encore ???". On accroche le tout à notre sac et c'est parti pour deux heures de 4x4 jusqu'à Cayambe où nous ferons une halte pour déjeuner chez Aroma (si vous êtes de passage à Cayambe, allez-y car excellent rapport qualité-prix) et récupèrerons un deuxième guide, le nôtre, Sergio. Un guide pour deux, décidément les choses se corsent d'heure en minute !

Nous quitterons la route goudronnée pour entrer sur des chemins de terre avant de passer la barrière du parc national Cayambe où la jeune femme nous annoncera que le chemin jusqu'au refuge est mauvais. Elle avait raison ! Il est même pire que mauvais. On passe d'un chemin très sec à un chemin boueux, très boueux. La végétation change, elle aussi, puis finit par disparaître laissant place à la roche, quelques cascades et la neige !! Yeah, on voit nos premiers flocons et ce sont loin d'être les derniers. Il est 15h30. Notre voiture est coincée et ne peut plus avancer. Il est temps de quitter notre habitacle motorisé et de passer la seconde en utilisant nos jambes : nous finirons le chemin jusqu'au refuge à pied, nos sacs sur le dos, sous une tempête de neige prometteuse. Pourvue qu'elle s'arrête car l'ascension risque d'être compliquée sinon.


Après une courte montée, nous arrivons à notre maison d'une nuit. Il y fait tellement froid que nos corps fument en arrivant. La nuit risque d'être très fraîche. Courte et très fraîche. Dès que nous posons nos affaires dans notre dortoir, nous filons prendre un thé, écoutons attentivement les explications de Sergio quant à la manière de chausser nos crampons à nos souliers, et... oh la boulette, j'ai mis la tête en bas trop longtemps... À 4600m, je sens déjà le mal de tête monter, monter, monter... Une sieste s'impose et vite ! De toute façon, c'est ce que nos guides nous conseillent de faire, alors au dodo jusqu'à 18h, heure du souper. Malheureusement pour moi, ce mal de crâne ne fera qu'empirer. Et pas le droit de prendre des médicaments, encore moins du Diamox, sur les conseils de notre guide. Le temps du dîner et on retourne se coucher. Dehors, la tempête fait rage. Sortira, sortira pas notre tête dehors ? On verra bien tout à l'heure. 23h : "qui a allumé la lumière ?" C'est trop tôt/tard/je ne sais plus comment je m'appelle ! Fausse alerte, la lumière s'éteint... Pour mieux se rallumer une heure plus tard. Je me lève, titubant jusqu'aux baños qu'il me faut trouver rapidement, très très rapidement. Le mal de tête est tellement insupportable que le vomito est inévitable. Fallait que ça m'arrive ! En même temps, on aurait peut-être dû s'acclimater un peu plus, hein mon ptit cul ? "Le mal des montagnes, ça te gagne" comme me dit Roro... Ou pas ! Fichtre, ça n'arrive pas que chez les autres finalement. Les guides ne sont pas trop partants pour que je grimpe. D'autant que si je suis trop mal en point, mon roro devra en faire les frais et rentrer avec/à cause de moi. Dure décision. Mais je ne suis pas venue jusqu'ici pour attendre sagement qu'ils rentrent tous avec des images plein la tête alors c'est décidé. Et puis, Roro, il est d'accord avec moi : "au pire, je te porterai". Alors, mal des montagnes ou pas, j'y vais ! Et on ne va pas le regretter ! Quelle belle aventure ! La tempête fait rage dehors, Sergio est très pessimiste quant à notre réussite d'atteindre le sommet.

Il nous dit d'ailleurs que c'est trop dangereux de monter jusqu'à "la Cumbre". En attendant, Roro et moi sommes les premiers à nous lancer, lampe frontale ajustée, crampons chaussés et piolets à la main. Laura et Gordon suivront de près alors qu'une autre personne supposée nous suivre ne franchira pas le pas de la porte. Dommage de venir jusqu'ici pour ne pas essayer. Je dis ça, je dis rien. Bref, à peine partis, Sergio impose un rythme doux (mais pas tant que ça, on a semé les Anglais) et pour cause, on est en altitude. Il ne faut pas user nos batteries trop vite. Nous avançons face au vent, tête baissée, Sergio le premier, moi la deuxième et Ronan fermant la marche. Les flocons nous fouettent le visage mais heureusement, le froid, lui, ne nous tenaille pas. Et pourtant, il fait -15. Nous sommes bien couverts (mais pas trop) grâce aux bons conseils de notre guide. D'abord marchant sur la neige, notre terrain se transforme rapidement laissant apparaître la roche. Les étincelles des crampons de Sergio contre la paroi me font sursauter. Je n'imaginais pas faire de l'escalade tout de suite... En même temps je n'imaginais rien du tout car, à dire vrai, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Mon mal de tête a disparu, l'adrénaline à sans doute fait effet. Je suis d'ailleurs plutôt étonnée car j'avance plutôt bien, avec un souffle tout à fait normal. Je m'impressionne. Quoi ?? C'est le moment "je m'aime", j'ai le droit c'est bon pour le moral ! Et toi Roro comment ça va ? NICKEL ! Pour une fois, on avance au même rythme. Bah oui, avec la corde, mon ptit cul, il est bien obligé de rester derrière moi mouahaha. Au loin, nous apercevons les lumières de nos Anglais. Mais celles-ci disparaissent très rapidement. Leur guide n'a pas souhaité poursuivre l'aventure. On est heureux de parler un peu espagnol. Cela nous a permis de partir avec Sergio (il parle peu anglais) qui est, il faut l'admettre, un peu casse-cou (mais très prudent malgré tout). Nous, on continue mais avant d'avancer plus loin, on s'encorde. Oh boy! Au loin, nous voyons Quito, enfin les lumières de Quito. C'est superbe. Mais ce vent qui nous pousse devient de plus en plus violent. Nous avons du mal à avancer mais nous continuons tant bien que mal. On se demande vraiment comment fait Sergio pour se repérer ici. Tout se ressemble ! Nous apercevons le glacier, nous sommes déjà à plus de 5100m. Il ne nous reste plus que la moitié... Mais notre ascension s'arrêtera là. Sergio est désolé pour nous mais nous assure que de continuer serait beaucoup trop dangereux. La sécurité avant tout chicos. Nous repartons donc dans l'autre sens. Ronan devant tentant de trouver le chemin. Mais quel chemin ? Bon, Sergio abandonne et finira par nous passer devant. En même temps il nous montrait pas un chemin mais plutôt une direction, pour la défense de Roro c'était franchement pas faisable. Le vent souffle à près de 90km/h, on se fait des auto croche-pieds tellement il est difficile de contrôler notre propre trajectoire de marche. Puis nous arrivons en haut d'une pente très très raide. Bras dessus bras dessous, nous descendons tous les trois alignés, chantant la marche nuptiale. On se marre tous les trois. Et on descend, descend, descend bien vite. Une vingtaine de minutes plus tard (enfin je pense, nous n'avons pas vraiment la notion du temps), le refuge apparaît déjà. Puis la chaleur, et le mal de tête qui revient. Très étrange cette histoire. Mais quelle aventure !! Nos Anglais se relèvent. Ils étaient persuadés que nous étions partis jusqu'au sommet ! On aurait bien aimé, mais ce sera pour la prochaine fois. Roro lui, il est super déçu. Parce qu'en vrai, on avait un super rythme. C'est pas nous qui l'avons dit, c'est Sergio ! Finalement, nous resterons 2h dans la tempête sans même s'en rendre compte.


Le lendemain, il est hors de question d'entreprendre quoi que ce soit. Le temps de prendre un petit déjeuner rapide et nous devons de nouveau affronter la tempête de neige jusqu'à la voiture. Il a tellement neigé ! Ils n'avaient pas vu cela depuis plus de 10 ans. On en a de la chance ! Tout comme la montée, la descente s'annonce également "périlleuse". La route est totalement enneigée et les chaînes de la voiture... N'existent pas, ils n'en ont pas ! Bah oui, les épisodes aussi neigeux, ça n'arrive jamais !!! Notre Sergio national prendra le volant et s'en sortira comme un chef pendant que nous... On marchera derrière, juste pour être sûrs, au cas où. Puis de tempête de neige, nous passerons à un sol boueux, puis sec, puis goudronné. Qu'il est bon de redescendre à une altitude supportable. C'est décidé, la prochaine fois, on s'acclimate pendant un mois ! En tout cas, on est heureux d'avoir pu monter jusqu'à 5100m, ça nous aura fait un bon entraînement pour plus tard. Et puis, mon ptit cul, on est quand même montés au dessus du Mont-Blanc, give me five champion ! Côté pratique Nous sommes passés par l'agence Aviventure. Ils sont très professionnels mais le prix est plus élevé qu'en passant directement pas Écotour (40 dollars de moins, c'est quand même pas négligeable). Aviventure : 280$ par personne. Écotour : 240$ par personne. Repas, transport et équipement compris. Sinon, le plus économique serait de passer directement par un guide. Voici les coordonnées de Sergio, très professionnel et hyper sympa : +593 (0) 98 346 3332
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